Le dialogue miroir

Mon regard sur… Le dialogue miroir

Car ce que nous voyons au-dehors n’est que le reflet de ce que nous sommes au-dedans.

Si tu prêtes l’oreille, même les pierres parleront ! 

Entretien 31 avec Lili (p.194)         

Parfois, nous sommes arrêtés par un paysage qui nous touche, par la lecture d’un passage d’un livre, ou encore par un événement qui retient notre attention… ou ce rêve que nous avons fait dans la nuit et qui nous bouleverse encore !

– Chaque fois que tu es touchée, me disait Gitta, c’est ton Ange qui cherche à te dire quelque chose, questionne-le !

Il m’a fallu plusieurs expériences marquantes pour définitivement savoir que tout ce qui nous touche dehors parle de nous dedans. Et cela parle toujours d’une grandeur en sommeil qui attend d’être réveillée. Ce dialogue est si surprenant et si concret que j’en ai fait le cœur de mon existence.

Dialogue « Miroir avec la nature »

Tout a commencé pour moi dans les années quatre-vingt, dans une promenade lors d’un stage animé par mon époux où nous devions marcher sous le regard de notre Ange.
Dès les premiers pas mes yeux sont arrêtés par une pierre toute ronde que je trouve très jolie. Je suis intriguée : —  – Tiens ! Pourquoi CETTE pierre parmi toutes les autres ?

Ce fut une évidence :  

– Mais parce qu’elle est toute ronde et toute douce !

Au moment-même où je prononce cette phrase, je me vois dans ma promenade : je suis à l’inverse de la pierre, tellement raide et anguleuse… Je crains tellement de rater mon Ange que je suis partie comme si j’allais à l’assaut ! Cette vision me fait sourire et je fonds de tendresse pour moi, pour mon Ange, et notre difficile relation… Par la magie d’un sourire, me voilà devenue cette douceur tendre qui me touchait tant dans la pierre. Je me confie à mon Ange… J’en ai les larmes aux yeux ! Et là mon regard est arrêté par une colline aux courbes harmonieuses.  

– Mais qu’est-ce qui me touche tant ?

…que cette colline contienne à la fois autant de douceur et autant de puissance ! C’est surprenant qu’il y ait les deux à la fois : de la tendresse et de la force en même temps ! Et là encore, je perçois immédiatement en écho celle que je suis dedans : je suis passée d’une Patricia raide dans la quête de son Ange à une Patricia totalement romantique ! En fait, la colline m’indique qui je pourrais être : une femme à la fois tendre et pleine de puissance, une femme douce et forte à la fois ! Touchée mais qui reste digne !

– Oh oui, c’est ça !…

Je sens ma nuque se redresser, royale, sans plus aucun romantisme. J’aimerais tout le temps être comme ça ! Et il a suffi à mon Ange juste d’une pierre et d’une colline pour me montrer tout ça ! A ce moment-là, je vois défiler une 

partie de ma vie : elle est à l’image de ce que je viens de sentir de moi.

La nature :  miroir de mes imperfections      

Deux heures durant, je me suis ainsi promenée en compagnie de mon Ange avec le miroir de mes imperfections que me tendait la nature. Ce fut un voyage tout en dentelle, hors de l’espace et du temps, une sorte d’apothéose de moi-même. Je me suis sentie vue par mon Ange, au millimètre près, dans chacune de mes imperfections secrètes. C’était une double vision immédiate : je prêtais mes yeux à mon Ange pour lui décrire ce qui me touchait dehors ; il me prêtait en retour les siens pour me parler de mon imperfection du moment. Et il me suffisait d’en sourire pour la dépasser. Alors je devenais une tout autre femme ! C’était renversant de vérifier ce que je connaissais dans la théorie : il suffisait que je surprenne dans le miroir une imperfection et que j’en sourie pour immédiatement rejoindre cette autre dimension de moi-même, magnifique ! Je vivais en direct l’imperfection heureuse enseignée par Gitta et les dialogues. Moi qui espérais malgré tout devenir quand même un peu parfaite, je découvrais qu’à chaque seconde de mon existence j’étais vraiment imparfaite. Et cela ne s’arrêtait jamais ! Mais pour la première fois, je ne le vivais pas comme un drame ! Et cela changeait tout ! J’étais définitivement imparfaite, mais je pouvais aussi être définitivement heureuse ! 

A la fin de ma promenade, cette double lecture était devenue simultanée, naturelle, sans effort, joyeuse… comme une connivence et une complicité secrètes avec mon Ange. C’était la première fois que je me sentais aimée à ce point ! Et c’était dans le tout petit ordinaire !  Rien de spectaculaire, pas de grande lumière ou d’impressionnante révélation !  Nous nous sommes simplement mis à lire ensemble ce qui me touchait positivement ou négativement, le beau comme le laid.

De nouveaux organes des sens

Alors il se passa un troisième temps : je me suis mise à voir, à véritablement VOIR la nature qui m’entourait, sous un tout autre jour. Comme si une caméra m’avait fait passer du paysage extérieur à mon paysage intérieur ; puis, comme un effet boomerang, se tournait à nouveau vers le dehors, la nature, pour me la faire VOIR tout autrement ! Je me mis à sentir toute l’harmonie et tout l’ordre du monde. Je ne pouvais que m’incliner et m’incliner encore devant tout l’amour qui transpirait de cet ordre ! Je n’étais que louange devant CELUI qui était à l’origine de toute cette beauté.
Lorsqu’à mon retour de stage j’ai témoigné à Gitta de mon aventure, avec une mine très inspirée et mystérieuse, elle a éclaté de rire :

– Tu as juste percé l’écran !  C’est natourellllll !

C’était bien cela ! Au fil du temps, le dialogue miroir avec la nature est devenue ma façon personnelle de dialoguer avec mon Ange. Ce dialogue nous prend par surprise… il nous émerveille… il nous ramène à l’instant… il nous réveille le cœur… il nous montre infailliblement le pas que nous avons à faire dans notre vie… il nous permet de tout lire… et surtout, il nous met face à l’infini amour de notre Ange ! Cette première expérience m’attendrit aujourd’hui car elle n’était alors qu’une ébauche de ce qu’est devenu aujourd’hui le dialogue miroir, tellement plus précis et tellement plus concret. J’en ai fait une véritable route en quatre étapes. Et comme tout dialogue, il nous conduit à un acte qui va rééquilibrer notre quotidien.

Il suffit de se promener jusqu’à être surpris par un détail du paysage :

1- Qu’est-ce qui me touche ?

2- Qu’est-ce qui me touche exactement ?

3- Où est-ce que cela parle de moi ?

4- Où est-ce que cela parle de moi exactement ? 

Il nous reste alors à sourire de notre imperfection révélée pour rejoindre notre royauté de l’instant dans un Acte concret.



Extrait du livre « Dialoguer avec son ange, une voie spirituelle occidentale » chapitre 5 p. 122 à 125

Le dialogue miroir avec la nature

Gitta avait cette faculté naturelle de sentir son ange partout, même dans les plus petits événements de sa vie quotidienne. Elle le voyait à l’œuvre dans le moindre détail du grand scénario de sa vie. Bien sûr, ceux qui la côtoyaient cherchaient à voir eux aussi leur ange partout,  interprétant le moindre signe d’un air entendu, ce qui avait le don de particulièrement l’agacer.

– A force de tirer par les cheveux le sens des événements, vous allez finir par prendre la migraine ! leur disait-elle.

Difficile passage de la tête au cœur ! Gitta  n’essayait pas d’analyser le sens de ce qui lui arrivait : elle se sentait aimée à l’infini, immédiatement et sans aucune pudeur. Rien à voir avec ce côté romantique et new-âge qui consiste à tout interpréter avec intelligence et sans le moindre élan du cœur.  

Je me souviens de ce jour où, en rentrant de ses courses, elle s’aperçut qu’on lui avait volé son antenne de télévision. J’entends encore son éclat de rire instantané :

– Tu as raison, mon ange ! Je t’ai un peu oublié ces derniers temps. Quoi de plus normal que l’on me vole une antenne que je n’utilise plus ?

Mais je la revois aussi, juste avant sa mort, étouffant et étouffant encore. Et au milieu des sifflements de sa poitrine, soudain elle se sentit aimée, tellement aimée dans ce tout petit filet d’air qui lui restait encore. Alors, sans rien chercher à comprendre, elle murmura :

La compréhension, ce n’est pas grand chose ! L’acceptation, c’est tout !

                               (La vie et la mort de Gitta Mallasz –  p. 260)

La première fois que je fis l’expérience de cette double lecture naturelle fut lors d’une banale promenade que je m’étais octroyée au milieu d’une matinée bien agitée. Nous étions au tout début du mois de janvier. Soudain mes yeux se posèrent sur une petite fleur jaune, perdue au milieu des herbes : un petit coucou des champs. « Mais il n’a rien à faire là, ce coucou, en plein hiver ! » me suis-je soudain exclamée.

Je m’arrêtai d’un coup, surprise par mon ton. Pourquoi cet agacement subit contre une pauvre petite fleur innocente ? Et je m’entendis poursuivre :

« Un coucou qui pousse au mois de janvier ! Alors si même les fleurs ne respectent plus leur rythme, où va le monde ! »

Mais était-ce du coucou dont je parlais ou… de moi-même ? Et cela me fit éclater de rire, tellement le miroir qui m’était renvoyé à cet instant là était limpide. Oui, c’était bien de moi dont je venais de parler, de moi-même et de cette petite fleur. Etrange synchronicité bavarde.

Je poursuivis ainsi ma promenade, bercée par cette double lecture si naturelle et si pudique. Et mon dialogue continua naturellement, d’arbre en arbre, de fleur en fleur, avec un obstacle par-ci et un curieux caillou par-là. Quelque chose sans aucune intelligence s’amusait à lire ce qui interpellait mon regard, jamais par hasard. Alors il me fut montré ma matinée si agitée. Alors il me fut montré ma vie sous différents angles, toute ma vie qui soudain me sautait aux yeux.

Etrange forme de dialogue… quand nos organes des sens se mettent à sentir le paysage au-dehors en même temps que le paysage au-dedans. Etrange forme de dialogue, miroir avec la nature, quand brusquement on se sent aimé contre toute attente, aimé d’être vu à ce point,  aimé d’être ainsi et que ce ne soit pas grave. D’ailleurs, je me demande ce qui est le plus important : avoir un ange, ou se sentir aimé de lui ?

Il avait suffi d’une toute petite fleur pour que je sois renvoyée à mon imperfection présente. Il avait suffi d’un petit agacement écouté pour qu’un acte m’apparaisse, évident, et me redonne la paix là, maintenant, tout de suite, dans ma promenade.  Et cet acte n’était pas de me changer en ralentissant le pas. Mais de trouver mon juste pas, mon juste rythme dans cette promenade.

Alors tout bascula d’un coup. Je me mis à tout sentir, tout écouter, jusqu’au ravissement de mon corps plein d’une vie nouvelle. Je ne savais même plus avec quels organes des sens je percevais les choses, tellement il me sembla être devenue un grand organe des sens les rassemblant tous. La nature entière respirait par moi. J’étais respirée par elle. Je vivais ! Je vivais enfin dans ce pays où Gitta résidait si souvent sans que je comprenne où elle habitait vraiment.

Oui, elle était là, la vraie vie : dehors-dedans confondus. Cet autre monde où la terre et l’homme ne font plus qu’un.

Cette forme de dialogue est pour moi le plus naturel des dialogues avec mon ange, mais le plus exigeant aussi. Les pièges sont nombreux, qui cherchent à tout teinter d’un romantisme complaisant, qui cherchent beaucoup plus une interprétation qui explique qu’une intuition qui soulage.

Dans une de nos réunions passionnées du jeudi, nous cherchions à comprendre cet état de conscience modifiée que produisent toujours les dialogues. Un mot, ce jour-là, fit son apparition, résumant à merveille ce qui avait lieu pour chacun de nous dans cette expérience : l’état de PSDN, Présence Simultanée à Deux Niveaux, au-dehors et au-dedans en même temps. Ou encore matière-lumière, apparence-vérité, vivant de concert…

Bernard parla de cette conscience modifiée comme d’un petit supplément d’âme constituant la seule trace terrestre de notre rencontre avec l’ange. Alors que pour Gitta il s’agissait de l’émergence de nouveaux organes des sens, résultant d’un surplus de fréquences vivifiantes transmises par l’ange au moment où il s’unit à l’homme.

Ma petite promenade avait donc fait couler beaucoup d’encre par la suite, mais aucune explication ne résumera jamais cet état de grâce qui nous surprend lorsque nous ne faisons plus qu’un avec notre ange.