Hommage à Gitta Mallasz #1 – 30 ans déjà…

Il y a 30 ans, Gitta Mallasz nous quittait… Nous allons lui rendre hommage à travers ses écrits, ses audios… Pour se replonger dans sa vie consacrée aux Dialogues avec l’ange.

Extrait de « La vie et la mort de Gitta Mallasz »

« Gitta — Chaque soir, après le travail, on « chauffait » différents sujets qui nous touchaient particulièrement, mais au fur et à mesure que la guerre avançait, nous n’avions plus qu’une seule préoccupation : le mensonge. Ce mensonge organisé qui rendait l’air irrespirable… Nous cherchions la vérité dans tout ça, notre vérité. Pas des coupables, mais des erreurs faites par l’homme en général, et nous en faisions partie.

Bernard — Et c’est à ce moment qu’ont commencé les entretiens avec vos Anges.

G — Oui, c’était naturel ; nous étions allés tellement au bout de nos questions, nous avions tellement tourné le problème dans tous les sens sans trouver de solution, que forcément nous étions prêts à entendre des réponses d’un autre ordre.

B — Et pourquoi le message est-il passé par Hanna ?

G — Parce que de nous tous, elle était à la fois la plus consciente d’elle-même, la plus intuitive, et en même temps la plus terre à terre. Quand elle s’est écriée, en toute lucidité, sans aucune transe : « Attention, ce n’est plus moi qui parle ! », je savais que nous avions affaire à une force qui nous dépassait. Ce n’est que bien plus tard que nous avons donné à cette force le nom d’Ange. Mais d’autres personnes d’une autre culture lui auraient forcément donné un autre nom. Ça n’a aucune importance.

B — Au moment où commencent les premiers dialogues, avez-vous été surprises par ce qui vous arrivait ?

G — Mais non ! C’était tout naturel !

B — Allez, il est trois heures moins dix, le vendredi. Qu’est-ce que vous faites ? Comment êtes-vous ?

G — Tranquilles, mais que veux-tu que je te dise ? Tranquilles.

C’est comme si je venais parler avec toi chaque vendredi pour approfondir quelque chose. C’était normal !

Je ne peux pas le dire autrement : c’était une vie enfin naturelle, enfin naturelle.

Comprends bien, il n’y avait pas que l’entretien, on vivait aussi cette intensité toute la semaine. La présence de l’Ange nous portait.

À l’époque, je passais la moitié du temps dans un studio chez mes parents, l’autre moitié dans une petite pièce à Budaliget, chez Joseph et Hanna. C’était à une demi-heure en bicyclette.

Toute la semaine, nous parlions de l’entretien, on reprenait toutes les phrases, on s’en nourrissait.

Au début, je n’avais qu’une angoisse, c’était qu’il ne revienne pas. Est-ce que ça va se répéter vendredi ?

Avec l’entretien, c’était infiniment plus fort, bien sûr, mais rien de romantique : une dose d’intensité de plus pour nous permettre de grandir.

P — Est-ce que cette croissance, d’entretien en entretien, signifie que vous compreniez tout ?

G — Absolument pas ! Hier encore, j’ai découvert un aspect que je n’avais pas compris… Nous étions bébêtes, mais nous grandissions sans que la compréhension intellectuelle soit forcément nécessaire. Plus tard, quand nous nous sommes retrouvées dans cette usine de guerre, la vie était tellement dure que nous n’avions même plus le temps de communiquer entre nous. »

Bernard Montaud, Patricia Montaud, Lydia Müller, La vie et la mort de Gitta Mallasz, 2013, Editions Dervy, pp. 33-34


Résumé du livre :

« Ce livre s’ouvre sur une première partie consacrée à la vie exceptionnelle de Gitta Mallasz : sa jeunesse en Hongrie, son questionnement, avec trois amis juifs, sur l’enfer de la guerre et leur incroyable rencontre avec une force de lumière naturelle appelée « maître intérieur » (qui a fait l’objet d’une publication sous le titre Quand l’ange s’en mêle), sa vieillesse rayonnante aux côtés de Bernard et Patricia Montaud et sa mort, elle aussi hors du commun, résolument tournée vers la vie. Pendant les six derniers mois de sa vie, Gitta Mallasz a beaucoup écrit. Cet ouvrage nous offre la possibilité de découvrir ces témoignages inédits. Le témoignage des quinze derniers jours de Gitta Mallasz est suivi d’un tout nouveau regard sur la mort présenté par Lydia Müller. Elle y met en évidence les épreuves et les enjeux de l’avancée vers la mort et fait un parallèle entre les étapes de la mort de Gitta Mallasz et celles de la naissance. »