Du monologue au dialogue

Mon regard sur… Du monologue au dialogue

Si nous prêtons l’oreille, nous pouvons entendre à l’intérieur de nous deux monologues qui nous donnent constamment des informations sur nous-mêmes:

– Le monologue du petit moi, avec ses commentaires, ses peurs, ses jugements et ses réactions intempestives.

– Le monologue du Grand Moi, avec ses intuitions, ses espoirs de devenir meilleur, ses envies de dépassement.

C’est comme si en nous il y avait à la fois un petit enfant qui porte les traces de notre passé, les blessures de notre histoire… et un vieux sage qui porte les traces de notre futur, la possibilité du dépassement notre histoire : notre nouveau.

Et nous, nous sommes là, au milieu des deux, avec le rôle de leur donner la parole, chacun leur tour, pour les comprendre, afin d’en faire nos alliés de vie.

A UN BOUT – C’EST MOI (l’Ange, le Grand Moi)

A L’AUTRE BOUT – C’EST LUI (le petit moi)

ENTRE LES DEUX – TOI ;

MOI ET LUI SOMMES UNIS DANS LA TÂCHE.

NE SEPARE PAS CE QUI EST UN

Dialogues avec l’ange – Entretien 4 avec Gitta – p.33

Tout d’abord, écouter le petit moi…

 Pour pouvoir entendre correctement le Grand Moi, cette sagesse qui sommeille en chacun de nous, il nous faut d’abord écouter le petit moi, cette part d’enfance cabossée. Il ne sait dire qu’une seule chose :

  • J’ai mal !

Il fait son important de cette manière car il veut à tout prix que l’on s’intéresse à lui. Quoi de plus légitime pour un petit enfant ! Si on ne lui prête pas attention, il nous aura à l’usure car il crie de plus en plus fort jusqu’à ce que nous l’écoutions. Et ses cris couvrent toujours les murmures du Grand Moi. Alors, autant nous arrêter tout de suite avant d’être au bord du drame !

Pour arrêter ce monologue du petit moi, il suffit de l’interroger, comme dans une enquête, pour en savoir un peu plus sur ce qui lui est arrivé :

  • Que veux-tu ? De quoi as-tu peur ? De quoi as-tu mal exactement ? Qu’as-tu fait pour te retrouver dans un tel pétrin !

Tout est si simple ! Mais qui s’arrête spontanément sur lui-même pour transformer ce monologue en dialogue ?

Pour cela, nous avons besoin d’une seule chose : de tendresse… uniquement de la tendresse envers nous-même… Nous en sommes tous tellement infirmes !

Il nous faut donc apprendre à devenir à nos propres yeux l’être le plus important du monde, l’être le plus précieux… jusqu’à devenir cette maman qui sent que son enfant va mal au premier de ses frissons et qui le prend dans ses bras pour panser ses blessures.
Alors qu’attendons-nous ? 

… nous sommes à présents disponibles pour entendre le monologue du Grand Moi.

Comme un grand chant d’amour et de Vérité qui se déverse sur nous, le Grand Moi ne sait dire qu’une seule chose :

  • Aime ! Donne-toi !

Et lui aussi attend que nous entamions un dialogue avec lui. Nous avons à l’interroger, mener une seconde enquête pour déceler cette ampleur de nous-même que les peurs du petit moi cachaient à notre vue.

  • Comment mieux aimer, comment mieux me donner, comment être plus juste ?

Nos intuitions sont toujours grandes, générales souvent philosophiques ; il nous faut les traduire dans un concret clair et net pour aboutir à des actes précis transformant notre vie.

Voilà notre juste place : transformer ces deux monologues – celui du bas de nous-même et celui du haut de nous-même – en dialogues.

Etre conscient, c’est être conscient de ces deux informations qui coulent en nous :
conscient de cette part d’enfance qui nous habitera à vie, et conscient de cette part de sagesse en attente d’être accomplie.

Les deux sont indispensables et indissociables.



Extrait du livre « Dialoguer avec son ange, une voie spirituelle occidentale », chapitre 3 p. 52-55 

Si les problèmes de Bernard et de Gitta, lors de ces réunions du jeudi, avaient toujours trait à leurs Tâches, j’avais pour ma part encore des problèmes d’ordre personnel qui m’empêchaient d’aller plus loin dans un service possible. Et je fus bouleversée par une phrase que Gitta  lança un jour :

Vos anges se désespèrent avec vos petits mélodrames !

Vos anges s’ennuient avec vos seuls problèmes personnels !

Ils vous attendent ailleurs,

pour sauver LA vie et non pas pour sauver votre vie !    

                                                                    (Gitta – 1988)

La nuance était de taille. J’entendais bien ces mots comme un horizon magnifique offert à l’expérience des dialogues inspirés : non pas chercher uniquement à sauver sa peau, mais chercher à sauver la vie sur terre, chacun selon ses moyens. Mais pouvais-je sauver qui que ce soit dans le monde avant de m’être sauvée moi-même ? Oui, c’était bien là toute la pédagogie du dialogue conscient : d’abord en expérimenter l’utilité pour soi-même avant de découvrir combien il est nécessaire pour aider autrui.

Souvent donc, j’arrivais à nos rencontres du jeudi avec toute la misère du monde sur mes épaules, confondant encore un vrai problème avec un faux drame. En me voyant, Gitta éclatait de rire : « Mais quand vas-tu quitter les grands boulevards du mélodrame ? » Il m’en a fallu, du temps, pour passer du faux gémissement qui cherche à se faire plaindre à la vraie demande qui cherche une solution. Alors Gitta dut inventer des jeux, beaucoup de jeux, pour que j’accède à un peu d’humour sur moi-même, tant cet humour sur soi est vraiment la porte d’entrée en matière de transformation intérieure.

Lors de ces réunions, il y avait presque toujours trois temps que je ressentais jusque dans mon corps. D’abord j’arrivais, les épaules courbées sous le poids de mon drame personnel. Puis dans un second temps, avec humour et gravité, nous chauffions tous les trois mon problème, et je sentais mon corps se redresser au fur et à mesure que j’approchais de la question centrale.

Ensuite survenait le troisième temps, quand brusquement toute la lumière sur ma souffrance réelle se faisait grâce à la remarque de l’un ou d

e l’autre et que je me retrouvais avec un acte si évident à accomplir pour rétablir la situation. Incroyable : j’étais venue avec un mélodrame écrasant et je repartais avec une solution d’acte si simple que cela me 

rendait toute heureuse et toute légère ! Je crois bien que c’est cela le miracle dans l’ordinaire, quand le paralytique qui remarche c’est… soi-même !