Le second enjeu du couple (Partie 2 sur 3)

Mon regard sur… Le second enjeu du couple

Vous nous avez parlé du premier enjeu du couple : nos propres imperfections vues et aimées pour mieux aimer l’autre, mais quel est le second enjeu ?

Le second rendez-vous a lieu plus tard, quand le couple a mûri, quand il a un peu vieilli, généralement entre quarante et cinquante ans ; et ce n’est pas par hasard si cet âge est accompagné d’une crise. A cet âge-là, on a accompli de nombreux rêves : un métier, des enfants, une vie sociale… On a été porté par tant de projets et d’activités ensemble.

Mais voilà que le couple s’émousse, il se met à regretter la passion torride des débuts. Voilà que les corps se lassent, et que les tentations d’adultère rôdent malgré nous. On a envie de nouvelles aventures, et c’est plus fort que nous ! Quel gaspillage que de chercher des aventures extérieures ! On a juste un furieux besoin de donner un sens à notre existence :

– A quoi je sers ? A quoi ma vie peut-elle être utile ?

Voilà les questions qui surgissent dans le silence de chacun.

Ce second rendez-vous du couple est la porte d’entrée d’une autre aventure, intérieure cette fois : l’heure pour chacun des deux partenaires de chercher ce pour quoi il est fait, son utilité. Et c’est ce qui redonnera du goût à notre existence.

Je crois que l’amour du couple se prolonge dans un amour élargi : le Service que chacun des deux peut rendre à la Vie sur terre. Et à cet endroit nous pouvons nous entraider l’un l’autre. Car si nous sommes complémentaires dans nos imperfections, le dépassement de ces mêmes imperfections contient des qualités complémentaires elles aussi !

Selon vous, quelles pourraient être les clés pour bien vivre ces deux premiers enjeux ?

Autant avec le premier enjeu du couple, un chemin spirituel assidu est la clé pour apprendre à mieux s’aimer, autant avec le second enjeu, seuls des dialogues inspirés permettent d’aider véritablement l’autre. Sinon, nous ne faisons qu’imaginer ce qui lui ferait du bien. Il est donc nécessaire d’apprendre à dialoguer avec ce qui sait en nous, dans une intime conviction immédiate et sans intelligence !

Avec le couple, nous traversons donc un premier temps où l’enjeu est de mieux s’aimer pour mieux aimer l’autre, et la sexualité – l’amour jusque dans le corps – nous en donnera la mesure. Puis dans un deuxième temps, nous passons à un autre enjeu : celui d’un amour non plus tourné uniquement vers soi et la satisfaction de sa petite personne, mais un amour tourné vers l’autre et son accomplissement… Nous avons mal que l’autre ne soit pas encore pleinement accompli. Nos yeux ne sont plus tournés que seulement vers nous, ils sont véritablement tournés vers notre conjoint.

Dans le livre dialogues avec l’ange, il est répondu à Lili qui trouvait que les relations entre les hommes et les femmes n’étaient pas faciles :

Ici aussi il n’y a qu’une voie : DONNER. Et non recevoir.

                  dialogues avec l’ange – Entretien 14 avec Gitta

Se peut-il qu’un jour il soit naturel de se dépasser, d’aller chercher en nous l’Etre inspiré que nous pouvons tous être, pour aider notre conjoint à accomplir ce pour quoi il est fait ? C’est un exercice de Vérité exigeant, car c’est le destin d’une vie que l’on tient pour un instant contre son cœur ! Et si, grâce à l’autre, nous sommes poussés au Meilleur de nous-même, c’est la vie à deux qui devient une grâce !

Au moment où l’esthétisme disparaît, il existerait donc une nouvelle façon d’aimer l’autre, non plus dans les formes de son corps, mais dans la forme de sa tâche. Je suis convaincue qu’être complice de la Tâche de l’autre est un mûrissement naturel de l’amour du couple.

Alors, deux destins opposés guettent le couple vieillissant : soit deux petitesses s’affrontant dans des querelles permanentes, soit deux Grandeurs se stimulant l’une l’autre vers leur dépassement suivant.

Tout est si magnifiquement orchestré si on a la patience de jouer la partition de l’Amour dans ses différentes dimensions !…

Merci à mon époux pour son infinie patience à mon égard ! Il m’a vue si grande que je me suis mise à y croire aussi. En retour, j’ai eu du mal à imaginer que je parviendrais à l’aider dans une partie de son accomplissement. Il m’a fallu du temps pour vérifier que,s’il contenait ce qui me manquait, moi aussi je contenais ce qui lui manquait. Et Gitta Mallasz m’y aida beaucoup.

Je crois que la Vie nous a prêtés l’un à l’autre, l’espace d’une existence, pour que nous nous fassions l’un l’autre.

Dans la création, toutes les espèces sont dotées d’énergies sexuelles pour se perpétuer. L’homme est le seul dont la sexualité soit indépendante du besoin de procréation.

L’ange a parlé à ce propos d’une « plus-énergie » qui lui a été donnée.

Toutefois cette « plus-énergie » n’a pas à servir à une jouissance sexuelle sans frein, ainsi qu’à une procréation sans limites, mais doit être utilisée pour la naissance du Corps nouveau, du corps de Lumière, fruit de l’union de la matière et du Ciel dans l’HOMME.

Alors que, dans nombre d’ascèses traditionnelles – mais n’ont-elles pas été déformées au cours des siècles ? – l’épanouissement spirituel s’accompagnait souvent de la mortification du corps, donc de la mutilation d’une partie de l’être humain, l’évolution enseignée par l’ange passe par la plénitude de l’homme dans sa globalité.

Les dialogues tels que je les ai vécus (p.53)